Ses deux créateurs, Géraldine De Margerie et Maxime Donzel prennent un risque important en proposant une uchronie humoristique. Les tentatives de séries historiques et humoristiques conduisent en effet souvent à un flop en jouant presque exclusivement sur des anachronismes un peu lourds et faciles. Louis 28 n’échappe pas totalement à cet écueil mais cette série propose néanmoins, sous un ton décalé, des développements intéressants qui nous invitent à réfléchir aux continuités et aux ruptures en histoire.
Le principe du scénario est assez simple. Comme pour toute uchronie, l’histoire repose sur une modification d’un événement passé et imagine ensuite les conséquences sur le cours de l’histoire ainsi altéré. En l’occurrence dans Louis 28, il s’agit d’un événement annulé, et non des moindres, puisque les scénaristes partent du principe que la monarchie française n’a jamais été abolie.
A partir de cette hypothèse, ils imaginent une institution campée sur ses traditions et qui n’aurait pas intégré toutes les subtilités de la modernité. Or, la mort tragique et inattendue du roi Louis XXVII, sans descendant officiel, fait tomber la couronne sur la tête d’un fils illégitime, fruit d’une aventure non assumée, et adolescent qui n’est a priori pas la truite royale la plus fraîche du ruisseau.
Ce contexte permet alors de dérouler une véritable intrigue (car il y en a une et il convient de le noter puisque ce n’est pas toujours le cas dans les uchronies…) et de jouer sur les décalages entre tradition et modernité. Parmi les pistes proposées, quelques idées m’ont particulièrement intéressé : 1. La cour de France, d’hier dans les galeries de Versailles à aujourd’hui sous les dorures de l’Elysée, ne répondent-elles finalement pas toujours aux mêmes codes d’un gotha qui se regarde le nombril dans le reflet du strass et des paillettes ? 2. Dans un ouvrage devenu un classique, l’historien français Paul Veyne s’était demandé : « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? ». A la fin de l’épisode 8, je n’ai pas pu m’empêcher de me tourner vers ma bibliothèque pour essayer de comprendre si les Français ont, à l’époque moderne, vraiment cru à la guérison des écrouelles. 3. Enfin, l’épisode 6 propose une relecture surprenante mais très rafraîchissante de la question du consentement à travers l’histoire des mariages forcés et arrangés que l’on évoque peut-être encore trop souvent avec légèreté en histoire, comme s’il s’agissait d’un usage folklorique ainsi immunisé de tout regard moral.
Bref, une série qui ouvre de nombreuses pistes et dont plusieurs aspects mériteraient d’être approfondis. Et vous, vous l’avez vue ? Vous avez aimé ?
Saviez-vous qu’il est beaucoup plus efficace d’apprendre du nouveau vocabulaire dans une langue étrangère en intégrant ces nouveaux mots dans votre pratique quotidienne ?
C’est le principe mis en œuvre par l’extension Lexios qui propose de traduire automatiquement certains mots des pages web que vous consultez sur Internet.
Cette page a pour vocation de rassembler des sujets corrigés afin de vous permettre de réviser avec des exemples rédigés.
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Les questions problématisées
Illustration réalisée par Manon Guerente
Chapitre 2 d’histoire : L’Europe entre restauration et révolution (1814-1848)
Les grands orateurs sont aussi souvent de grands auditeurs qui se délectent des modèles qui les ont précédés pour comprendre comment construire leurs discours et capter l’attention.
Cette page sera régulièrement actualisée afin de vous proposer d’écouter les grands discours qui ont marqué l’histoire politique, judiciaire, culturelle, etc.
« Discours à la loupe » par Adrien Rivierre
« Discours à la loupe » est une série proposée par Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de parole en public et de la mise en récit, pour le journal Les Echos. Chaque épisode constitue une analyse détaillée d’un discours afin d’en comprendre les logiques argumentatives et stratégies narratives :
Episode 1 : Quand Emmanuel Faber, PDG de Danone, priait les diplômés d’HEC de « rendre le monde meilleur »
Episode 2 : Quand le Lieutenant général Jay Silveria s’indignait contre le racisme dans ses rangs
Episode 3 : Quand Greta Thunberg menaçait les dirigeants du monde à l’ONU
Episode 4 : pourquoi l’intervention d’Alexandria Ocasio-Cortez était si percutante ?
Episode 5 : Le jour où Barack Obama a crevé l’écran
Episode 6 : Quand Emma Gonzalez brillait par son éloquence du silence
Episode 8 : Quand Emma Watson appelait les hommes à s’engager pour l’égalité des sexes
Episode 9 : « Un nouveau jour est à l’horizon », le message d’espoir d’Oprah Winfrey
Par ailleurs, vous pouvez retrouver sur la page d’Adrien Rivierre d’autres analyses de discours pour lesquels il propose un decryptage du fond et de la forme :
« J’ai réalisé que le combat pour les droits des femmes était trop souvent devenu synonyme de combat contre les hommes. Et s’il y a une seule chose dont je suis certaine, c’est que cela doit s’arrêter »
Le 20 septembre 2014, l’actrice Emma Watson donne un discours au siège des Nations Unies pour le lancement de la campagne « HeForShe« .
Ce discours est particulièrement intéressant dans son articulation constante entre le récit personnel de son auteure et la mobilisation d’arguments généraux au service de l’égalité de genre.
Le texte intégral peut-être consulté à cette adresse.
« J’ai l’honneur, au nom du Gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France »
Le 17 septembre 1981, Robert Badinter, nouveau ministre de la Justice depuis l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, s’adresse à l’Assemblée nationale pour présenter le projet de loi visant à abolir la peine de mort. Après un vote positif à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, le texte est promulgué le 9 octobre 1981. La France devient dès lors le 35e pays du monde à prohiber la peine de mort.
Quelques extraits choisis (INA)
Le texte intégral peut-être consulté à cette adresse sur le site vie-publique.fr.
La vidéo intégrale du discours peut également être visionnée à cette adresse sur le site vie-publique.fr.
Winston Churchill : « We should not surrender »
Eh oui, tous les grands discours n’ont pas toujours été prononcés en français. L’un des orateurs les plus talentueux de l’histoire du XXe siècle est en effet britannique et il s’agit du Premier ministre Winston Churchill. Alors que l’Allemagne nazie envahit progressivement l’Europe et que l’allié français sombre sous les attaques de l’ennemi, l’homme au cigare prononce successivement trois discours qui ont marqué l’histoire :
Le 13 mai 1940, il promet aux sujets de sa majesté « du sang, du labeur et des larmes » ;
Le 4 juin 1940, il réalise une prédiction hallucinante en annonçant que « nous serons contraints de nous battre sur les plages » ;
Le 18 juin 1940, alors que De Gaulle réalise son célèbre appel sur les ondes de la BBC, il prononce un discours visant à galvaniser les Britanniques en évoquant la postérité de la victoire et en imaginant que dans mille ans, les hommes diront encore : « ce fut leur plus belle heure« .
Chacun de ces trois discours mériterait une analyse détaillée tellement ils témoignent de l’excellente maîtrise de l’art oratoire. Rappelons simplement que le discours du 4 juin est particulièrement connu pour sa péroraison (c’est-à-dire sa conclusion) dans laquelle Winston Churchill fait progressivement monter la tension dramatique jusqu’à l’emphase finale qui provoque une ovation de la part des députés britanniques.
Si vous souhaitez écouter ces différents discours, je ne peux que vous conseiller de regarder, en version originale, l’interprétation donnée par Gary Oldman dans le film Darkest Hour (2017) :
Mais il est également possible d’écouter l’archive audio de la version complète du discours original sur le site Winstonchurchill.org.
L’abbé Pierre : « Mes amis, au secours ! »
Ce discours est entré dans l’histoire de France car il témoigne des limites de la croissance économique dans le contexte des Trente Glorieuses. L’exorde est particulièrement intéressant car il repose sur une interpellation efficace de l’auditeur. Une fois l’attention captée, l’abbé Pierre déroule son argumentaire visant à appeler à la solidarité. Cet appel radiophonique est donc la preuve que certains discours sont suffisamment puissants pour changer le cours de l’histoire.
Malala YOUSAFZAI : « Sur ce silence se sont élevées des milliers de voix »
Ce discours est particulièrement intéressant pour sa dimension narrative qui repose sur les principes du storytelling. Malala Yousafzai y développe en effet son argumentaire en l’appuyant sur le récit concret et tangible de son histoire personnelle.
Et bien entendu, vous pouvez aussi retrouver le discours complet en anglais :
Victor Hugo : discours à l’Assemblée nationale pour le suffrage universel
Discours prononcé le 20 mai 1850 à l’Assemblée nationale.
Victor Hugo : discours sur la liberté de la presse (11 octobre 1848)
Maintenant, j’entre dans la question de la liberté de la presse, et je dirai à M. le Ministre de la justice que, depuis la dernière discussion, cette question a pris des aspects nouveaux. Pour ma part, plus nous avançons dans l’œuvre de la constitution, plus je suis frappé de l’inconvénient de discuter la constitution en l’absence de la liberté de la presse. (Bruit et interruptions diverses.)
Je dis dans l’absence de la liberté de la presse, et je ne puis caractériser autrement une situation dans laquelle les journaux ne sont point placés et maintenus sous la surveillance et la sauvegarde des lois, mais laissés à la discrétion du pouvoir exécutif. (C’est vrai !) Eh bien, messieurs, je crains que, dans l’avenir, la constitution que vous discutez ne soit moralement amoindrie. (Dénégations. — Adhésion sur plusieurs bancs.)
Vous avez pris, messieurs, deux résolutions graves dans ces derniers temps : par l’une, à laquelle je ne me suis point associé, vous avez soumis la République à cette périlleuse épreuve d’une assemblée unique ; par l’autre, à laquelle je m’honore d’avoir concouru, vous avez consacré la plénitude de la souveraineté du peuple, et vous avez laissé au pays le droit et le soin de choisir l’homme qui doit signer le Gouvernement du pays. (Rumeurs.) Eh bien, messieurs, il importait dans ces deux occasions que l’opinion publique, que l’opinion du dehors pût prendre la parole, la prendre hautement et librement, car c’étaient là, à coup sûr, des questions qui lui appartenaient. (Très bien !) L’avenir, l’avenir immédiat de votre constitution amène d’autres questions graves. Il serait malheureux qu’on pût dire que, tandis que tous les intérêts du pays élèvent la voix pour réclamer ou pour se plaindre, la presse est bâillonnée. (Agitation.)
Messieurs, je dis que la liberté de la presse importe à la bonne discussion de votre constitution. Je vais plus loin (Écoutez ! Écoutez !), je dis que la liberté de la presse importe à la liberté même de l’Assemblée. (Très bien !) C’est là une vérité… (Interruption.)
Le citoyen Président : Écoutez, messieurs ; la question est des plus graves.
Le citoyen Victor Hugo : Il me semble que, lorsque je cherche à démontrer à l’Assemblée que sa liberté, que sa dignité même sont intéressées à la plénitude de la liberté de la presse, les interrupteurs pourraient faire silence. (Très bien !)
Je dis que la liberté de la presse importe à la liberté de cette Assemblée, et je vous demande la permission d’affirmer cette vérité comme on affirme une vérité politique, en les généralisant.
Messieurs, la liberté de la presse est la garantie de la liberté des assemblées (Oui ! Oui ! )
Les minorités trouvent dans la presse libre l’appui qui leur est souvent refusé dans les délibérations intérieures. Pour prouver ce que j’avance, les raisonnements abondent, les faits abondent également. (Bruit.)
Je dis que les minorités trouvent dans la presse libre… ; et messieurs, permettez-moi de vous rappeler que toute majorité peut devenir minorité ; ainsi respectons les minorités. (Vive adhésion.) Les minorités trouvent dans la presse libre l’appui qui leur manque souvent dans les délibérations intérieures. Et voulez-vous un fait ? Je vais vous en citer un qui est certainement dans la mémoire de beaucoup d’entre vous. (Marques d’attention.)
Sous la Restauration, un jour un orateur énergique de la gauche, Casimir Périer, osa jeter à la Chambre des Députés cette parole hardie : « Nous sommes six dans cette enceinte et 30 millions au dehors. » (Mouvement.)
Messieurs, ces paroles mémorables, ces paroles qui contenaient l’avenir, furent couvertes, au moment où l’orateur les prononça, par les murmures de la Chambre entière, et le lendemain par les acclamations de la presse unanime. (Très bien ! Très bien ! — Mouvement prolongé.)
Et bien, voulez-vous savoir ce que la presse libre a fait pour l’orateur libre ? (Écoutez ! ) Ouvrez les lettres politiques de Benjamin Constant, vous y trouverez ce passage remarquable : « En revenant à son banc, le lendemain du jour où il avait parlé ainsi, Casimir Périer me dit : « Si l’unanimité de « la presse n’avait pas fait contrepoids à l’unanimité de « la Chambre, j’aurais peut-être été découragé. » (Sensation.)
Voilà ce que peut la liberté de la presse ; voilà l’appui qu’elle peut donner ! C’est peut être à la liberté de la presse que vous avez dû cet homme courageux qui, le jour où il le fallut, sut être bon serviteur de l’ordre parce qu’il avait été bon serviteur de la liberté. (Très bien ! Très bien ! — Vive sensation.) Ne souffrez pas les empiétements du pouvoir ; ne laissez pas se faire autour de vous cette espèce de calme faux qui n’est pas le calme, que vous prenez pour l’ordre et qui n’est pas l’ordre ; faites attention à cette vérité que Cromwell n’ignorait pas, et que Bonaparte savait aussi : Le silence autour des assemblées, c’est bientôt le silence dans les assemblées. (Mouvement.) Encore un mot : Quelle était la situation de la presse à l’époque de la terreur ?… (Interruption.) Il faut bien que je vous rappelle des analogies non dans les époques, mais dans la situation de la presse, la presse alors était, comme aujourd’hui, libre de droit, esclave de fait. Alors, pour faire taire la presse, on menaçait de mort les journalistes, aujourd’hui on menace de mort les journaux. {Mouvement.) Le moyen est moins terrible, mais il n’en est pas moins efficace.
Qu’est-ce que c’est que cette situation? C’est la censure. (Agitation.) C’est la censure, c’est la pire, c’est la plus misérable de toutes les censures ; c’est celle qui attaque l’écrivain dans ce qu’il a de plus précieux au monde, dans sa dignité même ; celle qui livre l’écrivain aux tâtonnements sans le mettre à l’abri des coups d’État. (Agitation croissante.) Voilà la situation dans laquelle vous placez la presse aujourd’hui. […]
M. le Ministre de la justice invoquait tout à l’heure l’argument de la nécessité. Je prends la liberté de lui faire observer que la nécessité est l’argument des mauvaises politiques ; que, dans tous les temps, sous tous les régimes, les hommes d’État, condamnés par une insuffisance qui ne venait pas d’eux quelquefois, qui venait des circonstances mêmes, se sont appuyés sur cet argument de la nécessité. Nous avons entendu déjà, et souvent, sous le régime antérieur, les gouvernants faire appel à l’arbitraire, au despotisme, aux suspensions de journaux, aux incarcérations d’écrivains. Messieurs, prenez garde ! Vous faites respirer à la République le même air qu’à la Monarchie. (Très bien !) Souvenez-vous que la Monarchie en est morte. (Mouvement.) Messieurs, je ne dirai plus qu’un mot… (Interruption) L’Assemblée me rendra cette justice, que des interruptions systématiques ne m’ont pas empêché de protester jusqu’au bout en faveur de la liberté de la presse. (Adhésion. — Très bien ! Très bien !)
Messieurs, des temps inconnus s’approchent : préparons-nous à les recevoir avec toutes les ressources réunies de l’État, du peuple, de l’intelligence, de la civilisation française et de la bonne conscience des gouvernants. Toutes les libertés sont des forces ; ne nous laissons pas plus dépouiller de nos libertés que nous ne nous laisserions dépouiller de nos armes la veille du combat. (Approbation) Prenons garde aux exemples que nous donnons ! Les exemples que nous donnons sont inévitablement plus tard nos ennemis ou nos auxiliaires ; au jour du danger, ils se lèvent et ils combattent pour nous ou contre nous, (Très bien ! très bien !)
Quant à moi, si le secret de mes votes valait la peine d’être expliqué, je vous dirais: J’ai voté l’autre jour contre la peine de mort ; je vote aujourd’hui pour la liberté. Pourquoi ? C’est que je ne veux pas revoir 93 ! C’est qu’en 93 il y avait l’échafaud, et il n’y avait pas la liberté (Mouvement.)
J’ai toujours été, sous tous les régimes, pour la liberté, contre la compression. Pourquoi ? C’est que la liberté réglée par la loi produit l’ordre, et que la compression produit l’explosion. Voilà pourquoi je ne veux pas de la compression et je veux de la liberté. (Très bien ! Très bien ! Aux voix ! Aux voix !)
C’est un sujet d’agacement récurrent de la part de nombreux enseignants qui s’étonnent que la limite « Nord-Sud » apparaisse encore dans de nombreux manuels scolaires, mais aussi dans de nombreuses copies d’élèves, comme d’autres concepts géographiques qui mériteraient d’être enfermés dans un vieux globe et rangés au fond d’un cabinet de géographie au grenier du lycée (tremblez BRICS et autres « pays du Tiers-Monde », votre tour viendra !)
Heureusement, Jean-Benoît BOURON, Laurent CARROUE et Hélène MATHIAN viennent de publier un article sur l’excellent site Géoconfluences qui propose une mise au point sur cette question ainsi qu’une nouvelle classification.
L’article est un peu long et, si vous êtes pressés, je vous en propose un résumé dans les lignes ci-dessous :
La classification des pays en géographie, comme toute classification, entraîne une simplificationabusive et souvent binaire alors que la situation réelle est souvent plus complexe. Ainsi, les pays ne sont pas seulement « développés » ou « en développement ».
De nombreuses catégories utilisées en géographie pour classer les pays sont datées. Elles ne correspondent plus forcément à la réalité du début des années 2020.
La notion de sous-développement a été introduite par le président des Etats-Unis Harry S. Truman en 1949, dans un contexte de Guerre froide et de justification du plan Marshall.
La notion de « tiers-monde » a été proposée par le démographe français Alfred Sauvy en 1952, toujours dans un contexte de Guerre froide, afin de proposer une clef de lecture géopolitique et géo-économique du monde inspirée de l’histoire de la Révolution française.
La notion de « pays en développement » apparaît dans les années 1970 pour qualifier des pays qui seraient en retard de développement par rapport aux principaux pays occidentaux. Elle est ensuite déclinée pour qualifier différents états d’avancement : « pays en voie de développement », « pays moins avancés », « nouveaux pays industrialisés », etc. D’ailleurs, la notion même de développement mériterait désormais d’être questionnée. Elle s’inscrit dans une lecture résolument économique du monde, minimisant des logiques économiques et sociales pourtant désormais omniprésentes.
La notion de « Nord / Sud » s’impose dans les années 1980 dans un contexte de fin de Guerre froide afin de proposer une clef de lecture du monde permettant de dépasser le clivage Est/Ouest.
Cette classification Nord / Sud s’est imposée pendant plus de trente ans avec seulement quelques adaptations :
Pour intégrer Israël et Singapour dans les pays du Nord.
Pour identifier des pays dits émergents qui semblaient connaître un décollage économique et une affirmation politique accélérée dans les années 1990.
Cette histoire de la classification des Etats de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours peut-être synthétisée sous la forme d’une chronologie :
Les mots pour découper le monde en fonction des écarts de développement, 1949-2022 (source : Géoconfluences)
Mais alors, quels indicateurs utiliser pour classer et comparer la richesse et le développement des pays ?
Il faut tout d’abord garder à l’esprit qu’aucun indice n’est parfait :
La fiabilité des données fournies par certains pays peut être remise en cause
Chaque donnée n’est pas disponible et actualisée pour tous les pays du monde pour une même année
Les indicateurs sont révélateurs de leur temps et d’une certaine vision du monde. De nouveaux indicateurs devront apparaître dans les prochaines années pour prendre en considération de nouvelles préoccupations, notamment environnementales.
Les auteurs de cet article proposent de retenir sept indicateurs en expliquant leurs intérêts respectifs, tout en expliquant pourquoi d’autres indicateurs parfois courants ont été écartés :
Taux de fécondité, en naissances par femme
Taux de mortalité infantile
PIB par habitant en dollars constants
Évolution du PIB par habitant entre 2000 et 2020
Consommation des ménages
Formation de capital fixe par habitant indiquant la capacité réelle du pays à générer des investissements
Un indicateur composite permettant de calculer l’écart entre les revenus des 10% des plus riches et ceux des 50% des plus pauvres
A partir de cette grille de lecture statistique, les auteurs de l’article identifient six catégories de pays qu’il est possible de rassembler en trois grands groupes :
Les Etats précaires comportant 27 pays très précaires tels que le Cameroun et des pays précaires comme Eswatini (ancien Swaziland). Ils se qualifient par une fécondité et une mortalité infantile élevées, un PIB par habitant faible, d’importantes inégalités de revenu, et une faible croissance du PIB par habitant sur vingt ans.
Les Etats émergents qui rassemblent 46% des Etats référencés dans l’étude. Parmi eux, les émergents en essor (18 Etats dont le Tadjikistan) et les émergents consolidés (57 Etats dont le Paraguay). Les auteurs utilisent l’expression de « classe moyenne » pour qualifier ces Etats. Il est à noter que dix-sept de ces cinquante-sept pays dont partie des pays les moins avancés (PMA). On trouve également dans cette catégories des pays tels que la Chine, L’Inde, la Russie, le Brésil, le Mexique, l’Indonésie, etc.
Les Etats favorisés parmi lesquels figurent des « favorisés avec des fragilités » tels que le Portugal, et des « très favorisés » tels que l’Australie. Tous ces pays sont globalement riches mais ils peuvent parfois être confrontés à des problématiques de vieillissement de la population, d’un taux de fécondité inférieur à 1, etc. Les auteurs précisent cependant que ces pays ne sont nullement des modèles de développement à atteindre car ils figurent aussi souvent parmi les pays émettant le plus de CO² par habitant.
L’article se termine par deux cartes qui permettent d’identifier ces nouvelles catégories…
… tout en les comparant avec l’ancien découpage Nord / Sud :
On s’aperçoit dès lors que les pays favorisés regroupent globalement les anciens pays dits « du Nord » tandis que les pays précaires et émergents se rassemblent dans les anciens pays dits « du Sud » avec néanmoins quelques nuances :
Dix pays sont passés du Nord au Sud, dont la Russie.
Huit pays sont passés du Sud vers le Nord, dont l’Uruguay.
Les auteurs n’en concluent pas pour autant qu’il faudrait réhabiliter le découpage Nord / Sud, mais simplement que le développement humain et économique connaît des effets d’inertie sur la longue durée.
Ce plan de travail a pour objectif de vous accompagner dans l’avancement du chapitre en vous donnant accès, le cas échéant, aux supports et fiches d’activité.
Ce plan de travail a pour objectif de vous accompagner dans l’avancement du chapitre en vous donnant accès, le cas échéant, aux supports et fiches d’activité.
Les Internationales de Dijon se sont tenues le samedi 8 octobre 2022. Parmi les auditeurs présents dans la salle, plusieurs élèves du lycée international Charles de Gaulle qui vous proposent une synthèse des échanges.
Cette table ronde rassemblait quatre intervenants :
François BEAUDONNET, rédacteur en chef de la rédaction européenne, France Télévisions
Sylvie BERMANN, ambassadrice de France, présidente du conseil d’administration de l’IHEDN
Armelle CHARRIER, éditorialiste en politique internationale, France 24
Renaud GIRARD, grand reporter et chroniqueur international, Le Figaro
Elle était animée par Lukàš MACEK, directeur du campus de Dijon de Sciences Po Paris.
Lukàš Macek précise lors de l’introduction à quel point ce débat n’est pas évident. Il ajoute aussi que les intervenant.e.s ne peuvent prédire l’avenir et que ce qui sera avancé doit être interprété comme une prévision et non une prédiction. Chaque intervenant.e a développé une question que l’animateur a posée et iels ont répondu à la fin aux questions du public.
« Comment voyez-vous le rôle de la Chine dans ce conflit ? » Selon Sylvie BERMANN, la Chine possède un rôle fondamental dans le conflit. Un rapprochement s’est opéré entre la Russie et la Chine ces dernières années. S.B emploie l’expression de « nouvelle Guerre Froide » qui est, contrairement à celle des années 1980, principalement technologique. Le partenariat établi entre la Chine et la Russie est inégal, même si l’un et l’autre trouvent leur compte. Il est d’ailleurs important de ne pas confondre ce partenariat avec une alliance car la Chine soutient certes la Russie mais elle est embêtée par les actions qu’elle entreprend dans le cadre de la guerre. Mais elle continuera de faire face à leur ennemi commun, les États-Unis, car « l’ennemi de mon ami est mon ennemi ». La Russie et la Chine ne veulent plus de l’hégémonie occidentale et veulent proposer une alternative aux autres pays du monde de l’idéologie occidentale.
« Quel regard portez-vous sur ces recompositions, chamboulements stratégiques ? Assistons-nous à la formation d’un nouveau monde ? » D’après Armelle CHARRIER, on assiste à un nouveau monde en termes de défense. Le monde se réarme, et la Chine et l’Inde en sont un très bon exemple. En effet, A.M dit qu’en 4 ans, la marine chinoise a réussi à être aussi puissante que celle de la France. L’Inde est en course avec la Chine et se fait plus discrète. A.M cite également la Turquie qui avait un regard intéressé sur les conflits. En effet, elle vend des armes à l’Ukraine et à l’Azerbaïdjan renforçant ainsi les tensions. A.M évoque également que pour remettre en place l’armée ukrainienne, les États-Unis ont versé 40 milliards d’euros d’aide au pays. Elle fait remarquer que l’Europe ne s’attendait pas à voir émerger un tel conflit sur son territoire. Selon A.M, il y a une évolution et une prise de conscience des dangers du monde. La guerre prend une dimension autre avec notamment la Corée du Nord qui montre sa capacité nucléaire et ses missiles. Les jeunes du monde entier sortant tout juste du COVID, doivent aujourd’hui faire face aux risques de guerre. La France a annoncé augmenter de 3 milliards d’euros son budget de l’armée mais A.M se demande comment la France va financer cela surtout que l’on est en pleine crise économique.
« Quel regard sur l’action de l’Union Européenne à propos de la guerre ? Comment voyez-vous la situation actuelle et les ouvertures ? » François BEAUDONNET commence par rappeler que personne ne s’attendait à cette invasion, pas même les ukrainien.ne.s. Il y a eu une sidération durant les premières heures qui ont suivi l’invasion. L’Union Européenne étant connue pour s’emmêler les pinceaux, elle était très attendue quant à sa réaction. Selon F.B, cette réaction fut un réel succès, rapide et étonnante même pour Vladimir Poutine. Aujourd’hui, l’Union Européenne atteint ses limites quant aux sanctions économiques et arrive au huitième paquet de sanctions. De surcroît, celles-ci jouent économiquement contre nous. Au début de son mandat, Van Der Leyen voulait une Europe géopolitique. Avant, lorsque l’Union Européenne et ses voisins réagissaient à un conflit, elle n’était pas réellement écoutée car elle n’était pas considérée comme une puissance géopolitique alors que depuis la guerre en Ukraine cela a changé. Cependant, elle a une immense fragilité étant donné que le conflit se déroule au sein de son territoire ce qui ne rend pas la tâche simple d’après F.B. On peut considérer que le centre de gravité européen a basculé à l’Est ne se trouvant plus entre la France et l’Allemagne étant donné que l’Allemagne a bâti toute sa puissance sur le gaz russe et que Macron n’a pas réussi à discuter avec Vladimir Poutine. En conclusion, l’Europe sort renforcée même si rien n’est encore gagné.
« Pouvez-vous partager votre regard sur cette guerre en la comparant avec les autres conflits que vous avez vécus ? » Renaud GIRARD pense également que nous faisons face à un nouveau monde. Il mentionne que pour la première fois, les États-Unis ont des alliés utiles (contrairement aux Afghans, Vietnamiens du Sud, Iraniens…). Les États-Unis pensaient que l’armée ukrainienne allait rapidement s’effondrer, or, Zelenski a montré une extraordinaire capacité sur le plan militaire et de communication. Ainsi, les États-Unis mettent tout de suite les moyens sur la guerre de communication et la propagande. R.G évoque également une guerre de l’information, les États-Unis ont tout donné en renseignements aux ukrainien.ne.s. La cyberguerre qu’ont longtemps livrée les Russes s’est retournée contre eux. La propagande a très bien été menée en réussissant même à dissimuler la polémique visant Zelenski quant à l’argent qu’il aurait détourné dans un paradis fiscal.Ainsi, R.G évoque la maîtrise du corps journalistique. En effet, il prend comme exemple la guerre de Bosnie où les journalistes pouvaient librement circuler alors qu’aujourd’hui ou bien les journalistes couvrent la Russie, ou bien iels couvrent l’Ukraine, mais dans ce cas il ne faut pas être critique. Selon R.G on ne montre pas la vraie guerre car il ne faut pas diffuser les stratégies ukrainiennes aux russes et surtout ne pas montrer les soldats américains (SAS) dans leurs troupes. Il y a une réorganisation de l’armée ukrainienne avec un soutien des forces de l’OTAN qui viennent et qui améliorent son équipement. R.G souligne également qu’il n’y a pas de batailles frontales comme avec Napoléon. À la fin de son intervention, R.G se demande s’ il y avait un moyen d’éviter cette guerre. Il expose un scénario où nous aurions pu éviter ce conflit. Selon lui, après avoir signé l’accord intra-ukrainien, il était nécessaire d’en parler à Poutine et de lui promettre que Sébastopol serait à la Russie, que l’Ukraine ne serait jamais dans l’OTAN et que le russe sera la deuxième langue officielle de l’est de l’Ukraine. R.G nous assure qu’un proche de Poutine aurait confirmé que ce scénario aurait à « 100% » fonctionné.
Finalement, au travers de cette conférence, nous avons mieux compris la situation en Ukraine avec un débat sur un thème compliqué. Nous avons identifié les différents pays jouant un rôle majeur durant cette guerre avec notamment la Chine et les États-Unis, nous avons également observé un renforcement de l’armée dans les pays occidentaux avec également une Union Européenne qui ressort plus mature de ce conflit et enfin cette conférence nous a appris que cette guerre n’est pas comme les autres et qu’elle est moderne.
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