Alors oui, je sais, les journalistes et les pseudo-historiens télévisuels racontent systématiquement leurs histoires au futur. Mais ce n’est pas parce que vous l’avez vu à la TV que c’est correct…

Banksi, 2010

Pendant longtemps, l’histoire s’est écrite au passé simple. Selon Françoise Revaz, ce n’est qu’au cours du XXe siècle que les textes d’historiens et manuels scolaires ont été peu à peu rédigés au présent. Cela n’a pas été sans résistance ni contestation. La linguiste A. Béguin affirme en effet que « sous couvert de faciliter la lecture, cet usage engendre des effets secondaires non maîtrisés susceptibles d’entraver la compréhension. Plus les lecteurs sont jeunes, plus les distorsions sont nombreuses« . Selon elle, la représentation mentale du temps historique chez les enfants de 8 à 12 ans est perturbée par l’usage linguistique du présent, introduisant une ambiguïté entre le temps de l’histoire et le temps du lecteur.

Idéalement, il faudrait donc toujours écrire vos productions passé. Il s’agit cependant souvent de temps que vous maîtrisez mal et pour lesquels vous multipliez les fautes d’orthographe. A défaut, il vaut donc mieux écrire au présent qui est plus simple, tant que vous excluez systématiquement l’usage du futur comme le préconisent la plupart des manuels destinés aux étudiants en histoire :

« N’employez pas le futur qui n’est – par définition – pas un temps historique (l’historien n’est pas un prophète) »

Méthode pour le commentaire et la dissertation historiques, Nathan, 1994

« Ne jamais écrire au futur, car l’histoire concerne le passé. »

La Dissertation en histoire, Armand Colin, 1998

Certains auteurs considèrent d’ailleurs que le « présent historique » a des atouts :

  • Il a tendance à « abolir la distance qui nous sépare du passé, à le rapprocher de nous » (G. & R. Le Bidois, 1965).
  • Il a pour effet de « faire vivre au lecteur les événements rapportés « comme s’il y était », puisqu’ils sont présentés comme contemporains à son existence même » (G. & R. Le Bidois, 1965).

Dans son article intitulé « Le présent et le futur « historiques » : des intrus parmi les temps du passé » (in Le français aujourd’hui, 2002), François Revaz propose par conséquent de retenir trois principales idées quand vous choisissez le temps de votre productions :

  1. Le présent et le futur ne doivent pas être systématiquement exclus de la narration historique
  2. à condition qu’ils soient utilisés à bon escient dans la trame événementielle afin d’aménager des effets de contraste ou pour mettre en évidence un épisode particulier.
  3. Il n’en demeure pas moins que la narration au passé reste celle qui offre le plus de possibilités de mise en relief (avec l’usage notamment du passé simple, du passé composé et de l’imparfait).

Sinon, on peut aussi tout simplement retenir cette enseignement :