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En hommage à Claude Lanzmann, disparu le 5 juillet 2018, ARTE rediffuse les neuf heures de son monumental Shoah.

Chapitres étudiés

La mémoire au présent

Claude Lanzmann a retrouvé des rescapés juifs des camps d’extermination. Il a traqué les nazis qui se cachaient et réussi à les filmer clandestinement. Il est retourné sur les lieux, dans les villages limitrophes de Chelmno, Ponari, Treblinka, Sobibor, Auschwitz, pour interroger les témoins polonais. Ni fiction – tous les protagonistes ont été en contact direct avec les camps –, ni documentaire – il ne s’agit pas d’une compilation de souvenirs –, Shoah est avant tout un film de la mémoire (Claude Lanzmann parle, lui, d’“immémorial”) qui abolit la distance entre le passé et le présent. Sans recourir aux documents d’archives – il n’y a pas un cadavre dans cette œuvre pétrie de mort – ni aux “images chocs”, Shoah (“anéantissement”, “destruction”, en hébreu) démonte les rouages de la “solution finale”. “Nous avons lu, après la guerre, quantité de témoignages sur les ghettos, sur les camps d’extermination ; nous étions bouleversés, écrivait Simone de Beauvoir en 1985. Mais, en voyant aujourd’hui l’extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n’avons rien vu. Malgré toutes nos connaissances, l’affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre cœur, notre chair. [] Jamais je n’aurais imaginé une pareille alliance de l’horreur et de la beauté.”

Une œuvre d’art

Rythmé par le fracas des trains qui roulent vers les camps, le film monumental de Claude Lanzmann sonde l’horreur, donne à entendre l’indicible et transmet l’innommable avec une sobriété de moyens et une rigueur de ton exemplaires. Faisant remonter à la surface la mémoire des survivants juifs (notamment des membres des Sonderkommandos), déjouant les ruses et les esquives des témoins polonais et des bourreaux, Shoah est une œuvre d’art sans précédent sur la « solution finale ».

Première époque

“L’action commence de nos jours à Chelmno-sur-Ner, en Pologne. À 80 kilomètres au nord-ouest de Lodz, au cœur d’une région autrefois à fort peuplement juif, Chelmno fut en Pologne le site de la première extermination de juifs par le gaz. Elle débuta le 7 décembre 1941. Quatre cent mille juifs y furent assassinés en deux périodes distinctes : décembre 1941-printemps 1943, juin 1944-janvier 1945. Le mode d’administration de la mort demeurera jusqu’à la fin identique : les camions à gaz. Sur les quatre cent mille hommes, femmes et enfants qui parvinrent en ce lieu, on compte deux rescapés : Mikael Podchlebnik et Simon Srebnik. Celui-ci, survivant de la dernière période, avait alors 13 ans et demi : son père avait été abattu sous ses yeux, au ghetto de Lodz, sa mère asphyxiée dans les camions de Chelmno. Les SS l’enrôlèrent dans un des commandos de “juifs au travail” qui assuraient la maintenance des camps d’extermination et étaient eux-mêmes promis à la mort…” (Extrait du texte d’introduction diffusé au début du film)
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Seconde époque

Cette seconde partie s’ouvre sur un chant fredonné par Franz Suchomel, un ancien SS débusqué chez lui par Claude Lanzmann et filmé à son insu. Il s’agit du chant que devaient apprendre, dès leur arrivée à Treblinka, les nouveaux groupes de « juifs au travail » : « Le pas ferme, regard sur le monde, droit et loin, toujours braves et joyeux, les commandos marchent au travail. Pour nous il n’y a plus aujourd’hui que Treblinka, qui est notre destin… » En réponse aux questions précises de Claude Lanzmann, l’ancien SS explique ensuite, carte du camp à l’appui, comment il était possible de « traiter » – liquider – 18 000 personnes par jour à Treblinka…
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