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Géraldine de Margerie, histoire, Louis 28, Maxime Donzel, Monarchie, Séries, Uchronie

Louis 28 est une série tv diffusée sur France.tv Slash.
Ses deux créateurs, Géraldine De Margerie et Maxime Donzel prennent un risque important en proposant une uchronie humoristique. Les tentatives de séries historiques et humoristiques conduisent en effet souvent à un flop en jouant presque exclusivement sur des anachronismes un peu lourds et faciles.
Louis 28 n’échappe pas totalement à cet écueil mais cette série propose néanmoins, sous un ton décalé, des développements intéressants qui nous invitent à réfléchir aux continuités et aux ruptures en histoire.
Le principe du scénario est assez simple. Comme pour toute uchronie, l’histoire repose sur une modification d’un événement passé et imagine ensuite les conséquences sur le cours de l’histoire ainsi altéré. En l’occurrence dans Louis 28, il s’agit d’un événement annulé, et non des moindres, puisque les scénaristes partent du principe que la monarchie française n’a jamais été abolie.
A partir de cette hypothèse, ils imaginent une institution campée sur ses traditions et qui n’aurait pas intégré toutes les subtilités de la modernité. Or, la mort tragique et inattendue du roi Louis XXVII, sans descendant officiel, fait tomber la couronne sur la tête d’un fils illégitime, fruit d’une aventure non assumée, et adolescent qui n’est a priori pas la truite royale la plus fraîche du ruisseau.
Ce contexte permet alors de dérouler une véritable intrigue (car il y en a une et il convient de le noter puisque ce n’est pas toujours le cas dans les uchronies…) et de jouer sur les décalages entre tradition et modernité. Parmi les pistes proposées, quelques idées m’ont particulièrement intéressé :
1. La cour de France, d’hier dans les galeries de Versailles à aujourd’hui sous les dorures de l’Elysée, ne répondent-elles finalement pas toujours aux mêmes codes d’un gotha qui se regarde le nombril dans le reflet du strass et des paillettes ?
2. Dans un ouvrage devenu un classique, l’historien français Paul Veyne s’était demandé : « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? ». A la fin de l’épisode 8, je n’ai pas pu m’empêcher de me tourner vers ma bibliothèque pour essayer de comprendre si les Français ont, à l’époque moderne, vraiment cru à la guérison des écrouelles.
3. Enfin, l’épisode 6 propose une relecture surprenante mais très rafraîchissante de la question du consentement à travers l’histoire des mariages forcés et arrangés que l’on évoque peut-être encore trop souvent avec légèreté en histoire, comme s’il s’agissait d’un usage folklorique ainsi immunisé de tout regard moral.
Bref, une série qui ouvre de nombreuses pistes et dont plusieurs aspects mériteraient d’être approfondis.
Et vous, vous l’avez vue ? Vous avez aimé ?