Étiquettes

, , , , , ,

D’importantes manifestations sont prévues par les opposants aux réserves d’eau de substitution le samedi 25 mars 2023 dans les Deux-Sévres. Dans un article publié dans le journal Le Monde, Martine Valo propose de faire le point sur ce dossier considéré par les uns comme une solution technique face aux sécheresses et par les autres comme une catastrophe écologique et sociale.

De quoi parle-t-on?

Les mégabassines sont des réservoirs d’eau artificiels, plastifiés et imperméables, pouvant s’étendre sur plusieurs hectares. De la taille d’une dizaine terrains de football, ces bassins sont capables de contenir l’équivalent de 300 piscines olympiques. De plus en plus de bassins de ce type sont installés dans le pays. Mais contrairement aux réserves « collinaires », alimentées par le ruissellement des eaux de pluie, l’eau de ces bassins est directement puisée dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau, lors de la période hivernale.

Quelle est la situation actuellement en France ?

De nombreux projets de construction de mégabassines sont en cours, plus particulièrement dans le Sud-Ouest de la France. Ces infrastructures sont particulièrement prisées dans ces régions en raison d’un paysage plat, mais aussi parce que ces régions ont été progressivement asséchées par l’homme pour convertir les prairies d’élevage en parcelles de maïs.

La plupart des mégabassines sont financés à 70% par des fonds publics, notamment les agences de l’eau.

Pourquoi ces mégabassines sont-elles contestées ?

Plusieurs raisons sont avancées, et pas uniquement par des militants écologistes :

  • Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces retenues de substitution ne sont pas remplies par les précipitations, mais par pompage dans les nappes phréatiques, au moyen d’un moteur qui fonctionne pendant des semaines. Cette technique émet donc du carbone.
  • A défaut de pluie, les nappes phréatiques ont de plus en plus de mal à se reconstituer et les mégabassines qui ont coûté des millions d’euros ne peuvent donc pas être remplies. Les opposants considèrent par conséquent que cet argent devrait plutôt être investi dans d’autres projets visant à économiser la ressource en eau.
  • Ces mégabassines consistent finalement à extraire la ressource en eau du sous-sol pour la stocker en surface. Une partie s’évapore par conséquent car elle désormais exposée au soleil et à la chaleur, ce qui n’aurait pas été le cas si on l’avait laissé dans le sous-sol.
  • Stockées à la surface, ces réserves d’eau sont également sujettes aux contaminations diverses et au développement de bactéries.
  • Les mégabassines se traduisent souvent par une surconsommation d’eau alors même que les pénuries augmentent chaque année.
  • Certaines bassines ont été construites de manière illégale par des agriculteurs.
  • Ces mégabassines ne peuvent être utilisées que par quelques exploitants autorisés, créant ainsi une inégalité entre les agriculteurs et les éleveurs.

Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les opposants aux mégabassines ne sont pas que des militants écologistes. De nombreux agriculteurs considèrent aussi que ces infrastructures ne constituent pas une solution durable.


Plus d’infos

Martine VALO, « Autour des mégabassines, deux visions s’affrontent sur le partage de l’eau« , in Le Monde, 25 mars 2023.

Chapitres révisés

  • Des ressources majeures sous pression : tensions, gestion (Géographie – Seconde)