C’était une hypothèse régulièrement évoquée depuis la pandémie de covid-19 : de nombreux français et françaises redoutant de nouveaux confinements à l’avenir auraient décidé de quitter leurs appartements urbains exigus au profits de logements plus spacieux dans des zones périurbaines toujours plus larges, voire des dans espaces ruraux éloignés.
Or, les premières conclusions du projet de recherche POPSU (Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines) sont plus mesurées sur les effets territoriaux de la pandémie :
« Les premiers travaux montrent que la pandémie de covid 19 n’a pas bouleversé de fond en comble les structures territoriales françaises qui restent marquées par la centralité des grands pôles urbains. Largement et bruyamment annoncé dans la presse et certains discours d’élus (pour l’espérer ou le craindre), l’exode urbain ne semble pas, pour l’instant, revêtir un caractère massif. Est-ce à dire que rien ne se passe dans les trajectoires résidentielles depuis le début de la crise sanitaire ? Les travaux menés repèrent des signaux faibles, qui viennent renforcer et accélérer des phénomènes déjà présents dans les territoires : processus de périurbanisation – qui s’étend à d’autres territoires et devient une « méga-périurbanisation » –, de « renaissance rurale », de renforcement de l’attractivité des espaces de villégiature, au cœur de circulations résidentielles entre bi-résidentialité et habiter polytopique. La sociologie des ménages engagés dans une démarche d’exode urbain est diverse et recoupe des réalités socio-économiques et spatiales variées. La pandémie fait néanmoins ressortir un nouveau modèle d’investissement immobilier, à la croisée de réflexes « collapsologiques » – soit en lien avec une anxiété croissante vis-à-vis des évolutions climatiques –, et des stratégies d’extraction de la rente foncière. En creux, dans certains territoires, le risque d’un renforcement de la précarité rurale et des difficultés d’accès au logement pour certaines catégories de la population émerge. Derrière l’expression « exode urbain » se cacherait donc un double malentendu : d’une part il n’est pas question ici d’un déferlement massif de populations « urbaines » dans les « campagnes », sorte de retour de bâton d’un exode rural qui aurait marqué les mobilités résidentielles au XXe siècle. D’autre part, les premières analyses invitent à saisir la diversité des territoires, y compris urbains : si départs de population il y a, ils sont loin de concerner toutes les catégories de villes.«
POPSU, « L’exode urbain ? Petits flux, grands effets – Les mobilités résidentielles à l’ère (post-)covid », 2023.
Plus d’infos
Plusieurs ressources sur cette thématique sont proposées sur le site Géoconfluences.
Chapitres révisés
La métropolisation et ses effets en France (Géographie – Première)